Débardage au cheval

Qu’est-ce que c’est ?

Le débardage au cheval est une technique de sylviculture qui consiste à transporter des arbres abattus de leur lieu de coupe vers une zone de dépôt à l’aide d’un cheval.

Plus respectueux des sols et moins gourmand en carburants, le débardage à cheval se retrouve aujourd’hui en phase avec les préoccupations écologiques.

© JL Dugast - Boulonnais

© JL Dugast – Boulonnais en traine directe

Les intérêts du débardage à cheval

Avec l’intérêt croissant porté aujourd’hui à la protection de l’environnement, les débardeurs utilisant le cheval apportent une solution économique viable et écologique à l’entretien des forêts.

Sur le plan écologique

Particulièrement adapté aux espaces naturels fragiles, zones Natura 2000, forêts littorales, tourbières et zones humides, le cheval a un faible impact sur le milieu dans lequel il évolue, son intervention nécessite peu d’infrastructures d’accès ou de pistes, il ne provoque pas de tassement des sols et dispose d’une bien meilleure adhésion au sol que le tracteur. Le passage des chevaux respecte la régénération de la forêt en évitant de détruire les tiges d’avenir et en laissant un sol propre derrière lui.

  • Les chevaux, grâce à leur faible portance (environ 0.5 bar) ne tassent pas le sol ;
  • Les chevaux ne s’enlisent pas, ils peuvent franchir des rivières et des talus ;
  • Les chevaux n’écorcent pas les réserves. Cela évite la prolifération de champignons, de pourritures, ne provoque pas de dégradation de la qualité des troncs d’avenir, et n’occasionne donc pas de pertes financières ;
  • Les chevaux, en préservant les jeunes plans, contribuent à la régénération naturelle de la flore forestière ;
  • Les chevaux n’ont pas besoin de chemins. Ils passent dans les petits sentiers et dans les sapinières étroites ;
  • Les chevaux peuvent travailler dans des reliefs difficiles d’accès (fortes pentes, présence de rochers). Les pentes maximum sont de 45%. Les animaux se fatiguent cependant plus vite et pour un meilleur rendement il est conseillé de ne pas dépasser 10% ;
  • Les chevaux peuvent travailler en zones humides, sans risque d’enlisement ni d’orniérage ;
  • Les chevaux ne rejettent pas de substances polluantes et ne produisent pas de nuisances sonores. Pas de risques de fuites d’hydrocarbures ou de lubrifiants, polluant le sol et les cours d’eaux.

Source : Equi débardage

Le cheval représente en outre une énergie renouvelable !

© E. Rousseaux - Mule poitevine

© E. Rousseaux – Mule Poitevine

Sur le plan économique

Le cheval peut intervenir dans des endroits inaccessibles pour les engins motorisés (forte pente, présence de rochers, endroits humides) et dans certains cas coûte moins cher (petits chantiers, distances courtes, …).

Il représente peu d’investissement et son action de préservation des ressources naturelles limite une baisse potentielle des revenus (pas de blessures des bois, pas de dégâts liés aux aménagements pour l’accès à la parcelle,…).

Sa maniabilité, sa fiabilité, son intelligence et sa résistance aux intempéries en font un outil de travail performant sur tous types de terrains.

  • Rendement moyen possible en fonction du volume moyen des pièces de bois en traine directe en simple
Volume moyen des pièces de bois (m3) 0,1 0,2 0,2 0,3 0,4 0,5 >=0,6
Rendement moyen possible (m3/heure) 1,4 2,1 2,8 3,6 4,9 5,5 A mesure que le volume moyen augmente, le rendement stagne ou baisse (utilisation de matériels spéciaux).

La distance moyenne entre les voies forestières est d’environ 40 m.

  • Coût de la traction animale forestière

    © E. Rousseaux - Ardennais avec un diable

    © E. Rousseaux – Ardennais avec un diable

Le travail peut être rémunéré à la journée, à l’heure ou à l’unité (m3 en général, stère ou tonne)

La synthèse de plusieurs sources, française, luxembourgeoise et allemande, et des pratiques courantes, amène à retenir un prix moyen de 300 € HT / jour. Cela s’entend pour la prestation d’un meneur avec un cheval harnaché pour le travail en traine directe.

Pour des chantiers demandant un long déplacement quotidien ou un hébergement sur place du cheval et du débardeur, on peut envisager un supplément de 50 € / jour.

Les tarifs peuvent atteindre et même dépasser 450 €/HT/jour, en fonction des matériels particuliers nécessaires au cheval.

Source : Manuel d’utilisation de la traction animale en débusquage forestier- ONF – Direction territoriale Lorraine

Sur le plan social

La traction animale jouit d’un fort capital de sympathie auprès du grand public en général. Celui-ci sait bien que le cheval servait dans le passé aux exploitations forestières, ce qui apparait comme rassurant et gage de pérennité pour les forêts.

La traction animale permet d’élargir la gamme des solutions techniques d’exploitation respectueuses des sols et des peuplements.

Peu couteuse en énergie, elle permet le maintien d’un savoir-faire ainsi que d’emplois locaux et ruraux : élevage, alimentation du cheval maréchalerie, bourrellerie, services vétérinaires…

L’emploi de la traction animale en milieu forestier permet de préserver un patrimoine génétique unique au monde en utilisant les chevaux de trait.

Source : Manuel d’utilisation de la traction animale en débusquage forestier- ONF – Direction territoriale Lorraine

Quelques Chiffres

© Collection SFET

© Collection SFET

• Suivant les contraintes de terrain : pentes, obstacles, densité du sous-étage, pierrosité, densité de peuplement, volume unitaire moyen des bois, direction d’abattage, distance de traîne en débusquage, les rendements peuvent varier de 10 à 40 m3 ou 30 à 50 stères/ jour/ homme-cheval. 

• Une paire de chevaux peut tracter plus de 2 m3 de volume moyen grâce à du matériel moderne, performant, et adapté (au fardier ou au trinqueballe par exemple).

• Si le cheval est moins performant sur les arbres de gros diamètres (supérieur à 80 cm), il l’est beaucoup plus sur des diamètres inférieurs (40 cm, volume moyen 1 m3) grâce notamment à sa bonne force de traction et à son étonnante mobilité dans des endroits plus ou moins fermés.

Source : Débardage Cheval Environnement

Différents types de travaux :

L’opération de débardage se déroule en général en deux temps :

  1. Le débusquage, qui consiste à transporter le bois (grume et/ou rémanents de coupe) du lieu d’exploitation vers un lieu, dit « d’attroupement», situé à une distance raisonnable du premier.
  2. Le débardage à proprement parler, qui consiste à transporter le bois depuis le lieu d’attroupement vers un lieu de stockage avant enlèvement.

Le choix du type de transport s’effectue en fonction de l’accessibilité des sites et du type de produits à transporter.

On distingue :

  • Le débusquage en traine directe :

Juste équipé d’un palonnier et d’une chaine de traine, le cheval tracte la grume derrière lui. Le débusquage en traine directe  peut s’effectuer  à 1, 2 ou 3 chevaux en fonction de la charge, avec souvent une reprise au tracteur sur les layons (la reprise peut également se faire par bateau, en ferroviaire, ou par câble mât).

  • Le débusquage avec un diable :

Le cheval transporte le bois à l’aide d’un matériel appelé diable (fardier) afin de soulager la charge.

  • Le débusquage de ballot pour bois de chauffage :

Le cheval, à l’aide d’un avant train appelé « balloteuse », transporte du bois de chauffage directement conditionné en ballots. Ces ballots sont repris  la plupart du temps soit au tracteur soit avec un porteur hippomobile.

  • Le débardage avec un porteur forestier hippomobile :

A l’aide d’un porteur hippomobile, les chevaux peuvent débarder plusieurs stères de bois (inférieur à 1 m3). A noter qu’avec cette méthode on utilise 5 litres de gasoil pour 40 stères de bois sortis contre 1 litre pour 1 stère de bois avec un tracteur.

© JL. Dugast - Attroupement Percherons - Porteur forestier hippomobile Comtois

© JL. Dugast – Attroupement – Percherons / Porteur forestier hippomobile – Comtois

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