Viticulture au cheval

Qu’est-ce que c’est ?

C’est l’ensemble des techniques permettant de cultiver la vigne à l’aide d’un cheval.

Les intérêts de la viticulture à cheval

Le principal intérêt de cette technique réside dans la grande précision du travail effectué, au cours duquel chaque rangée et chaque cep de vigne sont traités de façon quasi individuelle. Les labours au cheval dans les vignes trouvent ensuite leur intérêt dans la pérennité des sols pour la valorisation des terroirs, et dans l’intervention sur des parcelles où il est difficile d’accéder avec un  tracteur (parcelle en terrasse ou très pentue par exemple).

ChâteauLatour. NUM047

© JL. Dugast – Château Latour

Sur le plan agronomique

La plus grosse contrainte des travaux du sol par traction mécanisée sont les phénomènes de tassement. Plus un sol est aéré, plus il souffre du tassement. Les fers à labourer montés sur les enjambeurs motorisés se trouvent généralement derrière les roues avant, juste devant les roues arrière. Le travail est certes de qualité, mais il est aussitôt dégradé par le passage de la roue arrière de l’engin. Il provoque alors une « semelle » très compacte. Des dents placées derrière cette roue tentent de rattraper le tassement occasionné par ce passage, mais leur efficacité n’est pas totale.

Cette semelle de labour induit plusieurs inconvénients :

  • Elle agit comme un rempart qui ralentit la biologie des sols. Les lombrics, par exemple, ne peuvent plus remonter en surface chercher la matière organique qu’ils dégradent et  mélangent à la terre, améliorant ainsi la structure du sol. Immobilisés en profondeur, ils finissent par mourir.
  • Il en est de même pour les éléments minéraux qui peinent à atteindre la plante. dont le  système racinaire est par ailleurs asphyxié. Les racines cherchent alors à remonter vers la surface pour survivre, en délaissant les éléments nutritifs propres au terroir, issus de la partie profonde des sols.
  • Enfin, la terre meuble située au-dessus de la semelle de labour souffre d’érosion.

Le travail au cheval permet donc d’éviter la mise en place de cette semelle de labour. Et, s’il est vrai que la pression exercé sur le sol par un cheval en action est supérieure (au centimètre carré) à celle d’un tracteur, sa surface d’appui est quasi nulle. De plus l’outil de labour est placé derrière l’animal, ce qui permet de corriger immédiatement le tassement engendré par son passage.

La vie biologique, chimique et physique des sols est réactivée. Le potentiel agronomique du sol est mieux exploité.

Avec une structure aérée, le ruissellement des excès de pluie est limité. Le sol est préparé à une meilleure infiltration de l’eau, ce qui permet de constituer des réserves en profondeur.

Enfin, le travail du sol par le cheval crée une structure de sol beaucoup plus adaptée à la santé de la vigne dont le système racinaire pénètre en profondeur. Son alimentation en eau est meilleure. La vigne est plus vigoureuse.

Sur le plan économique

  • Le cheval permet au vigneron de ne pas utiliser de désherbants chimiques. En effet, grâce à des outils « inter cep » montés sur les charrues, le désherbage complet du sol est mécanique, même entre les pieds de vigne.
  • Le labour équin (chevaux, mulets), très souvent pratiqué en exploitation biologique, est également utilisé en conduite conventionnelle. Il évite de sortir des outils motorisés, diminuant ainsi les charges en carburant et en lubrifiant de ses utilisateurs.
  • Beaucoup plus respectueux des plants, régulièrement endommagés par les engins motorisés, le travail au cheval permet de substantielles économies sur leur remplacement,  tout particulièrement dans les « vieilles » vignes.
  • Dans les vignes travaillées depuis l’origine uniquement en traction animale, la première récolte peut être faite deux ans plus tôt, améliorant ainsi la rentabilité des parcelles concernées.

Selon les régions, le tarif des prestataires varie entre 35 € HT/h à 65€ HT/h.

Certains préfèrent être rémunérés à la surface travaillée plutôt qu’à l’heure.

Sur le plan social

Les travaux réalisés en traction animale se font généralement sur des domaines viticoles de petite surface à « taille humaine », et avec le souci de respecter le Cheval, l’Homme et la Terre. Le pas du cheval ralentit l’homme, l’oblige à prendre son temps, à s’adapter à la terre.

La substitution de l’animal à la machine modifie le rapport au travail, le cheval devient un compagnon de labeur plus qu’un outil.
Les vignerons vantent souvent le silence retrouvé, les odeurs, le froissement de la terre qui s’ouvre, le tintement des outils sur l’attelage.

La formidable relation  entre l’Homme et le Cheval se traduit par l’émotion que tout un chacun ressent quand il a l’occasion d’approcher un cheval ou d’écouter une anecdote liée à ce quadrupède.

Quelques chiffres

L’animal permet de supprimer les problèmes de tassement du sol, ce qui entraîne un taux d’activité biologique des sols supérieur de 40%, avec une dépendance très faible en eau du fait de la qualité des sols.

Exemples de temps de travail en traction animale (à adapter suivant nature du sol et parcours techniques) :

Temps travail/ha Définition du travail Outils utilisés
Labour d’automne 12 à 22h Chaussage Charrue vigneronne
Labour de printemps 12 à 22h Déchaussage Charrue vigneronne
Décavaillonnage 6 à 8h Désherbage sous le rang Décavaillonneuse
Binage 3 à 8h Selon repousse de l’herbe Scarificateur doigts bineurs
Cultivateur 5 à 10h Griffage Cultivateur, Canadien
Vendanges 5h Ramassage caissettes Charette
Sarments 4 à 6h Andin saments Andaineur