Baudet du Poitou et Mule Poitevine

BAUDET DU POITOU

Origine / zone d’élevage : 

SFET BDP2L’âne du Poitou semble avoir fait son apparition dès le Xe siècle en France. L’industrie mulassière poitevine, particulièrement florissante du XVIIe au XIXe siècle, assura une solide réputation de géniteur au baudet, qui fut largement exporté dans de nombreux pays (Amérique, pays méditerranéens …) avant de voir ses débouchés intérieurs et extérieurs disparaître rapidement après la Seconde Guerre mondiale.

A l’origine, le cœur du berceau de race est la région de Melle en Deux-Sèvres. Toutefois, le Baudet du Poitou était élevé dans toute la zone comprenant le sud des Deux-Sèvres (en 1884, lors de la création du stud-book, 94 des 160 ateliers – haras privés –  recensés en Poitou sont implantés dans ce département), l’ouest de la Vienne, le sud de la Vendée, le nord de la Charente et de la Charente-Maritime. Aujourd’hui, son élevage s’étend à d’autres régions de France et dans quelques pays étrangers (9 % des naissances en 2007).

Le plan de sauvegarde :

En 1977, une enquête réalisée dans le cadre de l’INRA à la demande des Haras nationaux conclut « à la disparition définitive de la race avant la fin du siècle si rien n’est fait pour renverser la tendance et assurer la reproduction et la régénération du cheptel encore existant ». Annick Audiot, chargée de ce travail, ne recense plus que quarante quatre baudets et ânesses du Poitou, 20 mâles et 24 femelles, répartis chez 14 propriétaires…

Le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin, les Haras nationaux et le Syndicat d’élevage mulassier, réunis à Paris en novembre 1979, décident le lancement d’une opération de sauvegarde, consolidée notamment par la création d’une asinerie expérimentale chargée de l’amélioration génétique, du perfectionnement des techniques d’élevage, du recueil des traditions et de l’information du public.

Installée en Charente-Maritime à Dampierre-sur-Boutonne, dans la ferme de la Tillauderie (ancien atelier d’étalonnier), celle-ci (aujourd’hui ouverte au public) fut inaugurée en janvier 1982.

© Pascal Lando

Gérée conjointement par l’administration des Haras et le Parc, cette structure est chargée de la mise en œuvre d’une opération de croisement continu d’absorption qui débute en 1981. 

En 1997, un nouvel invent
aire réalisé par la SABAUD (Association pour la sauvegarde du Baudet du Poitou) en partenariat avec le SIRE recense 291 animaux de race pure, équipés d’un système infalsifiable de marquage électronique et inscrits au livre A du stud-book du Baudet du Poitou. Depuis les naissances de l’année 2000, ces animaux sont en outre soumis à un contrôle de filiation par analyse des marqueurs génétiques sanguins (test ADN). En tout juste 20 ans, ce redressement spectaculaire des effectifs de la race consacre les efforts conjugués des différents partenaires concernés par la sauvegarde de cet âne, devenu le symbole des races menacées en France.

Reconnaissance : 

La race Baudet du Poitou a été reconnue en 1884.

Nombre de naissances : 

En 2018 : 107 naissances
En 2017 : 117 naissances
En 2016 : 128 naissances
En 2015 : 141 naissances

Standard :

© ANR races mulassières du Poitou

Taille : 

Male : minimum 1,40 m
Femelle : minimum 1,35 m

Robe : 

Robe bai brun à noir pangaré, les poils peuvent s’éclaircir pour donner une robe de couleur fougère.

Dessous du ventre et intérieur des cuisses gris clair, sans aller au blanc lavé.

Pourtour de la bouche, du nez, des yeux, gris argenté bordé d’une auréole rougeâtre. La robe ne doit jamais être rubican (groupe de poils blancs disséminés dans la robe) ni porter de raie de mulet (bande noire longeant la ligne dorsale du garrot à la queue) ni porter la bande scapulaire.

Aptitudes & utilisations :

Sélectionné depuis toujours dans l’objectif de produire des mules de grande taille, il tire toute sa valeur de son rôle de reproducteur.

Attelé, monté ou bâté, le Baudet du Poitou possède cependant de nombreuses qualités, et son utilisation s’est beaucoup développée depuis les années 2000.

Sa grande taille est un atout majeur pour les cavaliers, et son calme est très apprécié des utilisateurs débutants. Comme pour le Trait poitevin, son look original représente un avantage réel pour les professionnels du tourisme.

Ses capacités d’endurance et de traction sont tout à fait comparables à celles des autres races d’ânes.

LA MULE

C’est l’hybride (en principe stérile) issu de l’accouplement “ contre nature ” entre le Baudet du Poitou et la jument Trait poitevin mulassier. Dans le Poitou, au XIXe siècle, les juments Trait poitevin étaient à peu près exclusivement destinées à la production mulassière. Les éleveurs ne faisaient naître des chevaux que lorsque les juments ne pouvaient pas produire de mules. Les plus perspicaces d’entre eux faisaient cependant saillir au cheval des juments vieillissantes qui réussissaient bien, pour en conserver la souche. La géante de la catégorie était autrefois commercialisée dans le monde entier (jusqu’à 18 000 individus par an au XIXe siècle). Aujourd’hui, la production annuelle ne dépasse guère une vingtaine d’animaux qui trouvent facilement preneur dans le sud de l’Europe. Depuis l’automne 2002, l’appellation “ Mule poitevine ” est officiellement reconnue par le Ministère de l’agriculture. Les animaux issus du croisement entre un mâle inscrit au stud-book du Baudet du Poitou, agréé à la monte publique pour la production de Baudets du Poitou ou la production mulassière, et une femelle inscrite au stud-book du Trait poitevin mulassier, sont automatiquement inscrits au registre de la mule poitevine.

Modèle :

© Eric Rousseaux

Taille : 

La Mule poitevine mesure couramment 1,60 m à 1,65 m au garrot mais peut atteindre et même dépasser les 1,70 m.

Robe : 

La couleur de la robe est donnée dans la majorité des cas par le père : bouchard (noir zain), boyard (noir avec des lavures blanchâtres), ou robin (bai avec toutes ses nuances) ; plus rarement par la mère : gris, biche (teinte isabelle avec ou sans raie de mulet), rouge, jaune, caille, roux, péchard…

Morphologie :

La tête de la Mule poitevine, grosse et longue avec des oreilles très développées, ressemble à celle du Baudet. L’encolure pyramidale est garnie d’une crinière peu abondante ; celle-ci est généralement coupée de façon à arrondir et à élever l’encolure en lui donnant une forme dite rouée. Le garrot est peu marqué ; le dos et les reins sont droits ; la croupe est tranchante, courte et avalée ; le poitrail est large ; les côtes sont plates et longues. Les épaules sont courtes et peu inclinées ; les avant-bras sont longs ; les muscles plats et bien dessinés ; le boulet fort ; le paturon court ; les articulations très développées et très sèches ; le pied est plus petit que celui du cheval ; avec une corne noire souple et résistante. La queue est mince avec les crins fins et peu abondants.

Aptitudes & utilisations : 

La Mule poitevine est avant tout une mule de gros trait, particulièrement apte aux travaux agricoles et au débardage.

Sa puissance  et son endurance, alliées à sa rusticité, à sa sobriété et à sa longévité, en font un compagnon idéal pour les professionnels de la traction. Attelée, montée ou bâtée, la Mule poitevine peut également se révéler un bon partenaire de l’utilisateur de loisirs à la recherche d’un équidé original et polyvalent, au caractère attachant. Courageuse et endurante, elle possède une excellente faculté de récupération et sait se faire remarquer dans les compétions sportives et de loisirs auxquelles elle participe.


Sources : IFCE, Association nationale de Race, France Anes et Mulets.

En savoir plus sur : Baudet du Poitou et Mule Poitevine

Organisme de sélection : RMP membre SFET Association des Races Mulassières du Poitou > http://anr-poitou.web-anr.net/